Affaire Lebahy à Abidjan : Le "faux général" de l'ONU condamné à 10 ans de prison, Ariel Sheney acquitté

La condamnation de Joseph Mathias Lebahy, surnommé le "faux général de l'ONU", à 10 ans de prison ferme a été prononcée mercredi par le Pôle Pénal Économique et Financier (PPEF) d'Abidjan. Le tribunal a également imposé une amende de 10 millions FCFA et ordonné le versement de 3 milliards FCFA à l'État ivoirien en dommages et intérêts.

Cette sentence dépasse les réquisitions du Procureur de la République qui avait demandé 7 ans d'emprisonnement et une amende de 2 milliards FCFA. "Compte tenu des charges et du niveau élevé des montants en jeu, le tribunal pointe des articles plus corsés", expliquent des juristes proches du dossier.

Lebahy a été reconnu coupable de faux et usage de faux, d'usurpation de titre et de fonction, d'escroquerie portant sur des numéraires et de blanchiment de capitaux. Le tribunal n'a en revanche pas retenu le port illégal de tenue militaire, "étant donné que la tenue portée par l'intéressé et les auditeurs n'était pas celle de l'armée ivoirienne".

L'escroc se faisait passer pour un général de l'ONU en mission en Haïti, arborant des galons étoilés et des uniformes pour gagner la confiance de ses victimes. Sous couvert d'une association, il a extorqué plus de 300 millions FCFA à des jeunes qu'il prétendait former pour devenir "juges de paix".

Arrêté en octobre 2022 et placé sous mandat de dépôt, Lebahy opérait sous la couverture d'aumônier d'une prétendue organisation rattachée à l'ONU. Il recrutait et formait des jeunes ivoiriens avec de fausses promesses de carrières internationales.

L'affaire a révélé un réseau d'escroquerie complexe qui a suscité une vive polémique en Côte d'Ivoire. Plusieurs personnalités influentes ont été citées dans ce dossier, dont l'artiste coupé-décalé Ariel Sheney, qui a finalement été acquitté de toutes les charges. "Nous ferons appel de la décision", a déclaré l'entourage du condamné suite au verdict.

Cette condamnation marque la volonté des autorités judiciaires ivoiriennes de lutter contre les usurpations de titres et la fraude organisée. Le montant des dommages et intérêts imposés - 3 milliards FCFA - souligne la gravité des préjudices causés à l'État.

Le PPEF confirme ainsi son engagement dans la traque des délits financiers et des escroqueries sophistiquées. Cette affaire rappelle l'importance de la vigilance face aux individus se prévalant de titres internationaux ou de fonctions officielles sans accréditations vérifiables.