Menu

Chômage des jeunes en Côte d'Ivoire : une "bombe à retardement" selon Jean Bonin


Mercredi 25 Septembre 2024

La Côte d'Ivoire fait face à une "bombe sociale" du chômage des jeunes. Un expert appelle à une mobilisation nationale et des mesures structurelles.


Chômage des jeunes en Côte d'Ivoire © Crédit photo DR
Chômage des jeunes en Côte d'Ivoire © Crédit photo DR
L'emploi des jeunes en Côte d'Ivoire se trouve au cœur d'une crise majeure, comme le révèle une analyse de Jean Bonin Kouadio, juriste et président de FIER. Une récente offre d'emploi pour des postes de comptable et de secrétaire a suscité pas moins de 758 candidatures en deux jours, mettant en lumière l'ampleur du problème du chômage des jeunes diplômés dans le pays.

Ce phénomène inquiétant se caractérise par une surqualification des candidats, avec des titulaires de master prêts à accepter des postes bien en-deçà de leurs compétences. Cette situation soulève des questions sur l'adéquation entre le système éducatif et les besoins réels du marché du travail ivoirien.

Un défi national à relever

Bien que le gouvernement ivoirien ait déclaré 2023 "année de la jeunesse", Jean Bonin Kouadio estime que les actions menées jusqu'à présent restent insuffisantes. Il appelle à la mise en place de mesures structurelles pour faire face à ce qu'il qualifie de "bombe sociale à retardement".

"Le gouvernement ne pourra pas faire l'économie de l'implémentation de la vision du chef de l'Etat de hisser la jeunesse au rang des priorités nationales. Il doit donc la structurer et la conceptualiser dans un ensemble cohérent. C'est une nécessité de renaissance de cette jeunesse et une exigence de survie de notre nation", déclare-t-il.

Le juriste souligne le paradoxe entre la construction de nouvelles universités et la création simultanée d'une masse de futurs chômeurs. Il met en évidence le cas récent des 3000 docteurs de l'enseignement supérieur non recrutés, illustrant l'ampleur du problème même pour les plus hauts niveaux de qualification.

Un plan d'action national proposé

Face à cette situation critique, Jean Bonin Kouadio propose un plan d'action national comprenant plusieurs axes. Il préconise l'élaboration d'un "Plan Marshall" pour la jeunesse, prévoyant la construction de centres de formation technique et professionnelle dans chaque région, en parallèle des nouvelles universités. L'objectif est de diversifier les options de formation et de mieux répondre aux besoins du marché du travail.

Le juriste suggère également la mise en place d'une équipe dédiée, coordonnée par le Premier ministre, pour élaborer une feuille de route impliquant tous les ministères. Chaque ministère serait chargé de développer un programme sectoriel de valorisation et de promotion du capital humain jeune.

L'exploration de secteurs prometteurs comme l'industrialisation et le numérique est recommandée, en étroite collaboration avec le secteur privé. Des incitations fiscales attractives pourraient être mises en place pour encourager les entreprises à participer à cet effort national.

Jean Bonin Kouadio propose aussi l'implication des collectivités territoriales dans le financement d'initiatives de création d'emplois dans des secteurs tels que l'artisanat, les services, le commerce et l'agriculture. La création de zones industrielles, commerciales et artisanales locales structurées est également préconisée.

Enfin, la mise en place d'un système d'évaluation pour mesurer la performance des ministres et l'efficacité de leurs politiques sectorielles en matière d'employabilité des jeunes est proposée. Ce système permettrait de mesurer les progrès réalisés et d'ajuster les stratégies en conséquence.

Jean Bonin Kouadio insiste sur l'importance d'une action collective et planifiée, soutenue par une vision réaliste et ambitieuse. Il met en garde contre les risques d'une jeunesse diplômée et qualifiée laissée sans perspectives d'avenir.

"Ces jeunes qui, pour certains, sont contraints, après leurs études, à demeurer encore sous le toit familial, quelquefois à un âge très avancé, accepteront-ils encore longtemps d'être les moutons du sacrifice et de se retrouver majoritairement au chômage, sans aucune perspective d'avenir ?", s'interroge-t-il.

Le juriste souligne également le risque d'instabilité sociale que représente cette situation. Il compare le potentiel de révolte de cette jeunesse désœuvrée au Printemps arabe, mettant en garde contre une possible "étincelle mal maîtrisée" qui pourrait remettre en question l'ordre établi.

Jean Bonin Kouadio appelle à une mobilisation nationale pour transformer le potentiel créatif de la jeunesse en véritable moteur de la croissance économique ivoirienne. Il souligne que seule une approche globale, coordonnée et soutenue par tous les acteurs de la société permettra de relever ce défi crucial pour l'avenir du pays.
Ibrah Kanté


Inscription à la newsletter

Titrologie
Titrologie Soir Info - La UNE du 26 août 2024
Titrologie Allo Police - La UNE du 26 août 2024
Titrologie L'Intellgent d'Abidjan - La UNE du 26 août 2024