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LGBTIQ en Côte d'Ivoire : Mobilisation contre la discrimination


Dimanche 8 Septembre 2024

La LGBTIQ en Côte d'Ivoire sont menacés par une recrudescence des discours haineux et des violences. Des leaders d'organisations et activistes lancent un appel urgent à l'action.


LGBTIQ en Côte d'Ivoire © Crédit photo DR
LGBTIQ en Côte d'Ivoire © Crédit photo DR
Les droits LGBTIQ en Côte d'Ivoire sont au cœur d'une déclaration publiée le 5 septembre 2024 par dix organisations de défense des droits humains. Ce document exprime une profonde inquiétude face à la montée des discours de haine et des violences dirigées contre la communauté LGBTIQ dans le pays.

Les signataires dénoncent l'utilisation croissante des réseaux sociaux comme vecteur de propagation de messages haineux et d'appels à la violence. Ils constatent une augmentation alarmante des publications stigmatisantes et diffamatoires sur ces plateformes. La déclaration souligne que ces attaques virtuelles se traduisent par une recrudescence des agressions verbales, physiques, morales et psychologiques dans la vie réelle.

Les auteurs du communiqué mettent en lumière un paradoxe juridique. Ils rappellent que la Constitution ivoirienne et plusieurs lois nationales garantissent en théorie l'égalité des droits pour tous les citoyens, sans discrimination. De plus, la Côte d'Ivoire a ratifié des traités internationaux protégeant les droits des minorités. Cependant, les signataires déplorent l'inaction des autorités face aux violences et discriminations visant spécifiquement la communauté LGBTIQ.

Un appel à l'action multidimensionnel

Face à cette situation préoccupante, les organisations LGBTIQ lancent un appel à l'action sur plusieurs fronts. Elles demandent aux plateformes de réseaux sociaux de prendre des mesures rapides pour modérer les contenus haineux. Les signataires insistent sur la nécessité d'intégrer le terme "woubi" (qui désigne la communauté LGBTIQ en Côte d'Ivoire) dans les algorithmes de détection des discours haineux.

Le gouvernement ivoirien est également interpellé. Les auteurs appellent les autorités à mettre en application les dispositions légales existantes pour protéger les personnes LGBTIQ. Ils déclarent : "Le gouvernement et les institutions étatiques garants du maintien de l'ordre public doivent impérativement mettre en application les dispositions prévues par la loi en renforçant les mécanismes de protection et d'application des lois contre les discours de haine en ligne et les agressions qui en résultent."

La déclaration sollicite l'appui et l'assistance des institutions nationales et internationales de protection des droits humains. Elle cite notamment la Coalition Ivoirienne des Défenseurs des Droits Humains, la Ligue Ivoirienne des Droits de l'Homme, et Amnesty International Côte d'Ivoire.

L'appel s'étend à l'ensemble de la société civile. Les signataires demandent la solidarité des autres groupes et organisations. Ils soulignent : "Nous sommes aujourd'hui la cible de ces discours de haine et d'appel à la criminalisation, mais ne savons pas quels seront les groupes cibles demain, comme c'est déjà le cas pour les albinos ou l'égalité homme/femme et ça pourrait même cibler les jumeaux ou toute autre frange de la communauté. Nul n'est à l'abri."

Les médias sont également invités à jouer un rôle responsable. La déclaration leur demande d'éviter de relayer des discours haineux ou discriminatoires, et de mettre en lumière les histoires de résilience et de courage au sein des communautés LGBTIQ.

Clarifications et rappels importants

Les auteurs de la déclaration tiennent à apporter plusieurs clarifications importantes. Ils rappellent que la communauté LGBTIQ vivant en Côte d'Ivoire est principalement constituée de citoyens ivoiriens, détenteurs de droits civils et politiques.

Ils soulignent que les organisations LGBTIQ n'ont jamais demandé la légalisation du mariage homosexuel en Côte d'Ivoire. Ils insistent sur le fait que la pédophilie et le viol ne sont pas des concepts inhérents à la communauté LGBTIQ, contrairement à certains préjugés répandus.

Les signataires expliquent que l'orientation sexuelle n'est pas un choix, mais se construit au fil de la vie, et ne saurait être assimilée à des déviances sexuelles comme la pédophilie, la zoophilie ou la nécrophilie.

La déclaration se conclut par un appel à la responsabilité collective. Les signataires s'adressent à l'ensemble de la société ivoirienne : "Il est de notre devoir collectif de promouvoir le respect, la compréhension, et l'inclusion. Il est temps de bâtir un avenir où chaque personne, indépendamment de son identité ou orientation sexuelle, peut vivre avec dignité et sans peur."

Cette déclaration marque une étape importante dans la lutte pour les droits des personnes LGBTIQ en Côte d'Ivoire. Elle met en lumière le décalage entre un cadre juridique théoriquement protecteur et une réalité sociale marquée par la discrimination et la violence. L'appel à l'action lancé par ces organisations souligne l'urgence de la situation et la nécessité d'une mobilisation à tous les niveaux de la société pour garantir les droits fondamentaux de tous les citoyens, quelle que soit leur orientation sexuelle ou leur identité de genre.
Ibrah Kanté

Tags : LGBTIQ

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