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Liste électorale 2025 : l'opposition rejette les chiffres de la CEI

Jeudi 10 Avril 2025

Le FPI et le PDCI rejettent les statistiques publiées le 9 avril 2025 par la CEI sur les réclamations liées à la liste électorale provisoire pour la présidentielle d'octobre.


Le FPI et le PDCI rejettent les statistiques publiées le 9 avril 2025 par la CEI sur les réclamations liées à la liste électorale © Crédit photo DR
Le FPI et le PDCI rejettent les statistiques publiées le 9 avril 2025 par la CEI sur les réclamations liées à la liste électorale © Crédit photo DR
La liste électorale ivoirienne devient l'épicentre d'une confrontation entre pouvoir et opposition. Les chiffres publiés mercredi soir par la Commission électorale indépendante (CEI) concernant les réclamations sur la liste électorale provisoire 2024-2025 ont provoqué une réaction immédiate des partis d'opposition. Selon les données officielles, « 11 415 réclamations ont été enregistrées, dont 6 362 rectifications, 1 567 radiations et 3 456 inscriptions » sur une liste comptant 8 761 348 électeurs.

Ces statistiques, présentées comme le résultat du contentieux électoral ouvert le 17 mars dernier, sont qualifiées de mascarade par les formations politiques opposées au pouvoir. Pascal Affi N'Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI), a pris position dès mercredi pour contester ce qu'il perçoit comme une manœuvre visant à garantir la victoire du RHDP aux élections d'octobre.

Un problème de crédibilité globale

« Le problème de la liste électorale n'est pas une question de rectification, de radiation ou d'inscription de tel ou tel électeur, mais de fiabilité et de crédibilité de toute la liste », a affirmé l'ancien Premier ministre dans un communiqué diffusé le 9 avril. Pour le FPI, les modifications mineures apportées ne règlent en rien les graves irrégularités qui entacheraient l'ensemble du fichier.

Le parti d'opposition soutient que 6 millions d'électeurs sur les 8 millions inscrits ne répondraient pas aux conditions fixées par l'article 7 du code électoral. Cette accusation repose sur « les résultats concordants des audits informatiques menés par différents partis de l'opposition », précise le document. Le FPI évoque également des « mutations fantaisistes et transhumance organisée de milliers d'électeurs ».

Des anomalies démographiques inexplicables

Le PDCI, autre formation majeure de l'opposition, a récemment rendu publique une analyse technique du fichier électoral révélant des incohérences statistiques frappantes. Le parti dirigé par Tidjane Thiam a notamment relevé la présence de « 4 724 centenaires en 2023 contre 8 106 en 2024, dont 124 ont plus de 150 ans et 7 410 ont moins de 110 ans ». Un doublement inexplicable du nombre de centenaires en un an qui alimente les soupçons de manipulation.

Ces chiffres contrastent fortement avec les réalités démographiques du pays, où l'espérance de vie moyenne se situe autour de 59 ans selon les données de la Banque mondiale, comme l'avait d'ailleurs souligné Tidjane Thiam lors de son émission « 20 heures 25 » du 9 avril. Cette référence aux statistiques officielles s'inscrit dans la stratégie du PDCI de fonder ses critiques sur des données vérifiables.

La liste électorale définitive exclut par ailleurs trois personnalités importantes de l'opposition : l'ex-président Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et Guillaume Soro. Tous trois ont été radiés suite à des condamnations judiciaires les privant de leurs droits civiques. Gbagbo et Blé Goudé avaient été condamnés en 2018 dans le cadre des événements liés à la crise postélectorale de 2010-2011, tandis que Soro a été condamné en 2021 à la prison à perpétuité pour atteinte à la sûreté de l'État.

Cette situation renforce le sentiment de l'opposition d'une instrumentalisation politique de la justice, visant selon elle à écarter des candidats potentiellement dangereux pour le pouvoir en place. Le FPI et le PDCI voient dans ces radiations un élément supplémentaire d'une stratégie globale visant à contrôler l'issue du scrutin d'octobre.

Une CEI sous pression

Pour Affi N'Guessan, ces statistiques publiées par la CEI confirment ses craintes d'une « liste d'électeurs fabriquée de toute pièce par le service informatique de la CEI contrôlé par le RHDP pour garantir sa victoire frauduleuse aux élections couplées présidentielle et législatives d'octobre 2025 ». Une accusation frontale qui reflète le climat de méfiance entourant l'organisation du scrutin.

Le contentieux électoral constituait pourtant une phase cruciale du processus, supposée permettre aux différents acteurs politiques de signaler les erreurs et d'obtenir leur correction avant la publication de la liste définitive. L'écart considérable entre le nombre de réclamations traitées et les millions d'anomalies dénoncées par l'opposition laisse présager une intensification des tensions à mesure que la date du scrutin approchera.

À six mois de l'élection présidentielle, la question de l'intégrité de la liste électorale s'impose comme un sujet central du débat politique ivoirien. La CEI, dont la neutralité est remise en question par l'opposition, devra répondre à ces critiques alors que les candidats potentiels intensifient leurs activités sur le terrain et que la campagne électorale commence à prendre forme.

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