Billon critique l'entourage de Thiam : "il est entouré de personnes du passé"

Billon, Thiam et le PDCI. Le différend s'installe ouvertement. Invité de l'émission "Grand Talk" diffusée sur Life TV mercredi 16 avril, Jean-Louis Billon n'a pas mâché ses mots concernant la direction actuelle du parti et l'entourage du président Tidjane Thiam.

Le délégué départemental du PDCI à Dabakala, candidat déclaré à la présidentielle d'octobre, a dressé un portrait sans concession de l'équipe qui entoure le nouveau président du parti. Des critiques qui illustrent les profondes divisions internes à six mois de l'élection présidentielle.

"Le président est arrivé entouré de certaines personnes qui préfèrent un mode de gestion qui est un mode de gestion dépassé. Ces personnes sont des personnes du passé", a affirmé Jean-Louis Billon sans détour lors de l'émission.

L'ancien ministre du Commerce a poursuivi sa critique en visant directement les conseillers de Tidjane Thiam : "Tant que le président va s'entourer de personnes qui ont travaillé avec le président Houphouët, ces personnes sont formatées d'une certaine manière et elles ne comprennent pas ce que je suis en train de vous dire."

Interrogé sur ses relations avec la direction du parti, Jean-Louis Billon a révélé avoir tenté d'établir un dialogue par l'intermédiaire d'un groupe de sages. "On était en train de dialoguer. Il y a eu un groupe de sages qui est venu dialoguer avec moi, dialoguer avec d'autres acteurs du parti", a-t-il expliqué.

Mais cette démarche aurait reçu, selon ses dires, une réponse surprenante : "Et vous savez ce que j'ai eu en guise de réponse ? Une convocation au conseil de discipline", a-t-il déclaré, suggérant que "certains refusent ce dialogue" et que "ça les embête, peut-être, qu'on puisse s'asseoir et dialoguer".

Le candidat déclaré justifie également son absence à la convention élective organisée le même jour en pointant des irrégularités dans le fonctionnement du parti. "Nous avons des textes dans notre parti et des instances du parti qui sont expirées depuis 2019 et peu de gens le savent", a-t-il affirmé.

"La raison pour laquelle je demande le congrès, c'est simplement pour que l'on puisse renouveler les instances du parti avant d'aller à la convention, afin que le parti arrive dans une convention en toute légalité, en toute régularité", a expliqué Jean-Louis Billon, critiquant également le format "éclaté" de la convention dans 45 localités nationales et 5 pour la diaspora.

Malgré ces tensions, Jean-Louis Billon affirme disposer de soutiens significatifs au sein du parti. "Bien sûr que j'ai des soutiens. Non des moindres", a-t-il assuré sans toutefois vouloir citer de noms. "Il y a plusieurs clans dans le parti, il y a plusieurs tendances, il y a plusieurs courants, et c'est normal dans un parti politique", a-t-il ajouté.

Plus surprenant encore, il a laissé entendre que certains membres "sont certainement en train de préparer déjà l'après-Tidjane Thiam, qui lui glisse des peaux de bananes". Une déclaration qui révèle l'ampleur des jeux d'influence au sein du PDCI-RDA.

Pour Jean-Louis Billon, ces tensions reflètent un conflit générationnel au sein du parti. "Il est grand temps qu'une autre génération arrive aux affaires", a-t-il déclaré, estimant que l'entourage actuel du président "retarde une échéance inévitable".

Face aux accusations de diviser le parti, Billon a répliqué : "Ne pensez pas que le PDCI peut être divisé. Il y a toujours eu des courants de pensée au sein du PDCI." Il a rappelé le précédent du "mouvement des rénovateurs" lancé par Noël Akossi Bendjo, affirmant que cela n'avait pas divisé le parti à l'époque.

En maintenant sa candidature malgré l'opposition de la direction du PDCI, Jean-Louis Billon s'inscrit dans une posture de rupture. "Essayez un autre type d'acteur politique. Jusque-là, vous avez eu des hauts fonctionnaires, des gens du secteur public. Essayez quelqu'un du secteur privé", a-t-il lancé en conclusion de l'émission, se présentant comme "un politicien complètement différent" issu du secteur privé.