Venance Konan : "la constante dans le parcours de Gbagbo a toujours été la violence"

Mercredi 16 Avril 2025

Venance Konan questionne le rôle de Laurent Gbagbo dans les tensions électorales en Côte d'Ivoire et s'interroge sur les conséquences de son retour sur la scène politique.


Venance Konan questionne le rôle de Laurent Gbagbo dans les tensions électorales en Côte d'Ivoire © Crédit photo DR
Le retour de Laurent Gbagbo sur la scène politique ivoirienne suscite des interrogations sur l'avenir électoral du pays. Venance Konan, figure respectée du journalisme ivoirien et ancien directeur général de Fraternité Matin, vient de publier une analyse dans laquelle il établit un lien direct entre la présence de l'ancien président et les tensions qui ont marqué plusieurs cycles électoraux en Côte d'Ivoire.

Son analyse, basée sur un rappel historique des scrutins depuis 1990, soulève des questions sur les implications du retour de Laurent Gbagbo pour la stabilité politique du pays. Le journaliste n'hésite pas à interpeller directement les Ivoiriens sur leur disposition à s'engager dans de nouveaux troubles politiques.

Un bilan électoral marqué par les tensions

Venance Konan dresse un tableau chronologique des élections ivoiriennes depuis le retour au multipartisme. "Depuis 1990, année du retour au multipartisme, c'est seulement en 2015 que nous avons eu une élection tranquille, sans la peur au ventre, sans injures, sans violences. Parce que Laurent Gbagbo se trouvait à la Haye", affirme-t-il sans détour.

Le journaliste détaille ensuite les différents scrutins qui ont été marqués par des troubles : "En 1995, ce fut le boycott actif avec son lot de morts, de blessés, de destructions de biens. En 2000, Gbagbo s'entendit avec Robert Guéï pour écarter Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié [...] En 2010 tout commença bien mais se termina dans un bain de sang parce que Laurent Gbagbo refusa de reconnaître les résultats."

L'analyse de Venance Konan établit un contraste entre la période d'absence de Laurent Gbagbo et celle qui a précédé ou qui pourrait suivre son retour. "C'est pendant que Gbagbo se trouvait à la Haye que la Côte d'Ivoire a pu se redresser, se construire, glaner des lauriers dans presque tous les domaines, gagner deux fois la CAN et reprendre sa place de leader en Afrique de l'ouest", écrit-il.

Cette observation est suivie d'une phrase qui résume sa pensée : "C'était trop beau de croire que revenu au pays, Laurent Gbagbo allait laisser le pays continuer tranquillement sur sa lancée." Le journaliste fait ainsi part de ses inquiétudes quant aux conséquences du retour de l'ancien président sur la stabilité retrouvée du pays.

Des signaux d'alarme actuels

Venance Konan poursuit son analyse en évoquant des événements récents qui alimentent ses préoccupations. "Le samedi dernier à Dabou, Laurent Gbagbo a laissé entendre qu'il donnera bientôt des mots d'ordre", rapporte-t-il, avant d'ajouter : "Pour des actes de violence encore ?"

Cette interrogation est suivie d'un constat sans appel : "La constante dans le parcours politique du mari de Nady Bamba a toujours été la violence, le sang." Le journaliste rappelle alors "toutes les marches que son parti organisait aux temps d'Houphouët-Boigny et de Bédié, de tout le sang qui a coulé dans ce pays au cours des élections auxquelles il a participé et durant son règne qui avait commencé dans le sang et s'était terminé dans le sang."

Venance Konan conclut son analyse en reprenant une question posée par Laurent Gbagbo lui-même à Dabou : "Pourquoi toujours pour arriver au pouvoir il faut qu'il y ait des gens qui meurent ?" Le journaliste retourne cette interrogation à celui qui l'a formulée, avant d'adresser une question directe aux citoyens : "Et la question que je pose aux Ivoiriens est celle-ci : 'êtes vous encore prêts à aller mourir pour Laurent Gbagbo ?'"

Cette interpellation frontale traduit les inquiétudes de l'ancien directeur de Fraternité Matin face à ce qu'il perçoit comme un risque de répétition de l'histoire. Son analyse, qui ne fait pas l'économie des mots pour décrire les tensions passées, ouvre un débat sur la responsabilité des leaders politiques et la vigilance des citoyens à l'approche des prochaines échéances électorales.

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