Processus électoral 2024 Côte d'Ivoire : Tensions entre RHDP et opposition s'intensifient, Adjoumani répond

Jeudi 17 Octobre 2024

Le processus électoral en Côte d'Ivoire génère des désaccords. L'opposition dénonce des irrégularités dans la liste électorale, tandis que le RHDP, parti au pouvoir rejette ces accusations.


Processus électoral 2024 Côte d'Ivoire © Crédit photo DR
Le processus électoral en Côte d'Ivoire fait l'objet d'un débat houleux entre le gouvernement et l'opposition. À l'approche de la révision de la liste électorale, les tensions s'accentuent, chaque camp défendant sa position sur la validité du fichier électoral.

L'opposition ivoirienne, représentée par plusieurs partis politiques, a exprimé de sérieuses préoccupations concernant l'intégrité de la liste électorale actuelle. Hubert Oulaye, président du Groupe parlementaire du PPA-CI, le parti de l'ancien président Laurent Gbagbo, a déclaré : "La liste électorale actuelle contient des irrégularités flagrantes qui concernent près de 2,5 millions d'électeurs."

Oulaye a précisé que ces irrégularités comprennent "des millions d'électeurs frauduleusement inscrits sur la liste électorale ou qui le sont de façon indue, notamment des personnes décédées, des fraudeurs sur la nationalité, des personnes citoyennes omises ou déplacées frauduleusement."

Le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), dirigé par Tidjane Thiam, a également soulevé des questions sur le processus de révision. Le parti estime que la période allouée à cette opération, du 19 octobre au 10 novembre 2024, est insuffisante. Un représentant du PDCI a déclaré : "La période de révision de la liste électorale est très courte. Nous souhaitons que l'opération s'étende sur plusieurs mois."

Les préoccupations de l'opposition

Le PDCI a mené sa propre enquête sur la liste électorale et affirme avoir découvert plusieurs anomalies. Selon le parti, la présence de "4 000 centenaires" sur la liste est suspecte. Un porte-parole du PDCI a déclaré : "Après une enquête diligentée sur 20 cas, tous se sont révélés frauduleux."

De plus, le parti d'opposition a signalé "500 inscriptions multiples et des personnes avec la même photographie et la même filiation." Il a également souligné des incohérences dans les données familiales, affirmant que 9 204 femmes ont une vingtaine d'enfants, tandis que 5 501 pères ont plus de 30 enfants sur la liste électorale.

Face à ces allégations, le collectif des partis de l'opposition ivoirienne a lancé un appel au gouvernement. Ils demandent l'ouverture rapide d'un dialogue politique pour discuter des préoccupations liées au processus électoral. L'objectif est d'assurer la tenue d'élections présidentielles crédibles le 25 octobre 2025.

La réponse du parti au pouvoir

Le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), parti au pouvoir, a fermement rejeté les accusations de l'opposition. Adjoumani Kobenan, porte-parole du RHDP et ministre d'État, a tenu une conférence de presse pour répondre à ces allégations.

Kobenan a déclaré : "On invente toute sorte de récriminations contre le fichier électoral qui serait truffé de millions de personnes étrangères, décédées ou des centaines d'individus ayant la même mère, des milliers de centenaires." Il a qualifié ces accusations de "fantasmes" résultant d'un "manque de sérénité" de l'opposition.

Le porte-parole du RHDP a insisté sur le fait que l'opération de révision de la liste électorale est "une simple opération administrative de toilettage et de remise à jour du fichier électoral." Il a expliqué que cette procédure permet de déterminer le format de l'électorat à un moment précis.

Kobenan a également souligné le processus de vérification en place : "Tous les partis politiques reçoivent le fichier électoral et sont invités à présenter toutes anomalies qu'ils auraient pu déceler dans leur travail de vérification et de contrôle à la CEI, de sorte à permettre à cette institution de les vérifier et de procéder à leur rectification."

L'appel à la preuve

Le ministre d'État a critiqué l'approche de l'opposition, affirmant : "On se perd en conjecture, on s'étale dans la presse, mais jamais on ne s'oriente devant la Commission électorale pour avancer les preuves des prétendues allégations." Il a invité l'opposition à apporter des preuves concrètes de leurs accusations plutôt que de se contenter de déclarations dans les médias.

Kobenan a conclu en appelant à une approche plus constructive : "On crie le plus fort possible pour dénoncer des fraudes imaginaires que la Commission électorale indépendante (CIE) ou le pouvoir s'apprêterait à organiser." Il a encouragé l'opposition à travailler directement avec la CIE pour résoudre les problèmes qu'ils auraient identifiés.

La situation actuelle met en lumière les défis auxquels la Côte d'Ivoire est confrontée dans la préparation des élections de 2025. Alors que l'opposition demande des réformes et un dialogue, le parti au pouvoir maintient que le processus en place est adéquat et transparent.

L'enjeu pour les autorités électorales et le gouvernement est de trouver un équilibre entre les préoccupations de l'opposition et la nécessité de maintenir l'intégrité du processus électoral. La résolution de ces tensions sera cruciale pour assurer la crédibilité des élections à venir et la stabilité politique du pays.
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