Lutte contre le terrorisme en Côte d'Ivoire : quelle stratégie à Kafolo ?

Mercredi 2 Octobre 2024

La lutte antiterroriste à Kafolo montre des résultats positifs quatre ans après les attaques. Le village du nord ivoirien combine sécurité renforcée et programmes sociaux pour prévenir la radicalisation.


Lutte contre le terrorisme en Côte d'Ivoire © Crédit photo DR
La lutte contre le terrorisme à Kafolo, village du nord ivoirien, porte ses fruits quatre ans après les attaques meurtrières. Cette localité frontalière du Burkina Faso, frappée en 2020 et 2021 par des attaques ayant fait 16 morts, retrouve une vie normale grâce à une stratégie combinant sécurité et développement social.

Quelle est la stratégie sécuritaire ?

Le dispositif militaire à Kafolo a été considérablement renforcé depuis les attaques. La présence accrue des soldats dans la ville rassure les habitants et permet la reprise des activités quotidiennes. Tiémogo Bamba, chef du village, témoigne : "Beaucoup de militaires sont là et veillent sur nous, ça a fait revenir la confiance, on n'a plus peur."

Cette sécurisation a permis la réouverture des commerces, la reprise de l'agriculture et même l'ouverture d'un collège l'année dernière. Aucun incident sécuritaire n'a été relevé depuis près de trois ans, malgré la proximité avec le Burkina Faso où des groupes jihadistes opèrent toujours.

Comment le gouvernement implique-t-il la jeunesse ?

En 2022, la Côte d'Ivoire a lancé un programme d'aide pour la jeunesse, ciblant particulièrement les régions du nord. L'objectif est de former les jeunes à de nouveaux métiers pour les détourner des groupes jihadistes et de l'orpaillage illégal.

Ce programme offre des formations professionnelles et des allocations mensuelles aux apprentis. Kambiré Koko, apprenti ferronnerie de 18 ans, reçoit 30 000 francs CFA (45 euros) par mois. Il explique : "Apprendre un métier c'est mieux que de traîner à ne rien faire. Quand tu ne fais rien, tu es tenté si on vient te proposer de l'argent et une moto pour aller dans de mauvais coins."

Le programme propose également des prêts et des subventions pour relancer les activités économiques. Naminata Bamba a pu rouvrir et agrandir son restaurant, tandis que Lamissa Traoré a repris son commerce et peut désormais envoyer deux enfants supplémentaires à l'école.

Quels sont les résultats de cette approche ?

Selon Casimir Djé Bi, chef de l'Agence emploi jeunes de la région, "La méthode a porté ses fruits, aujourd'hui on peut venir dans cette zone sans escorte armée. Nous sommes heureux de voir tous ces jeunes occupés. Ils ont un autre regard sur eux-mêmes."

Le ministère de la Jeunesse rapporte que près de 54 000 jeunes ont été soutenus dans les zones nord du pays. Cette approche combinée de sécurité et de développement semble avoir stabilisé la situation à Kafolo et dans ses environs.

Quels défis persistent ?

Malgré ces progrès, Kafolo fait face à de nouveaux défis. Les inondations récentes causées par la crue de la Comoé préoccupent les habitants. De plus, la situation reste tendue de l'autre côté du fleuve, au Burkina Faso.

Les échanges transfrontaliers, autrefois fréquents, se sont taris. Lamissa Traoré témoigne : "J'ai des parents juste là-bas au Burkina mais je n'y ai pas remis un pied depuis l'attaque de Kafolo." Les relations diplomatiques tendues entre la Côte d'Ivoire et la junte militaire au pouvoir au Burkina Faso compliquent davantage la situation.

La stratégie mise en place à Kafolo montre des résultats prometteurs dans la lutte contre le terrorisme. Cependant, la pérennité de ces progrès dépendra de la capacité à maintenir l'effort sécuritaire et social sur le long terme, tout en gérant les défis émergents et les relations transfrontalières.
Kristian B. Aka
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