Guillaume Soro à Accra : Le Ghana de Mahama redessine-t-il la carte diplomatique ouest-africaine ?

Mardi 22 Avril 2025

Le Ghana du président Mahama a officiellement reçu Guillaume Soro à Accra, un acte diplomatique qui redéfinit les relations ouest-africaines et affirme la souveraineté ghanéenne.


Guillaume Soro à Accra : Le Ghana de Mahama redessine-t-il la carte diplomatique ouest-africaine ? © Crédit photo DR
Guillaume Soro et le Ghana font l'actualité diplomatique cette semaine en Afrique de l'Ouest. L'ancien président de l'Assemblée nationale ivoirienne a été reçu à Accra avec un protocole officiel, malgré son statut d'opposant recherché par la justice de son pays. Cette décision du président John Dramani Mahama, récemment revenu au pouvoir, suscite des interrogations sur l'évolution des alliances régionales.

Cette réception constitue un geste fort dans le paysage politique ouest-africain. Le Ghana, reconnu pour sa stabilité démocratique, semble ainsi adopter une posture indépendante face aux pressions diplomatiques d'Abidjan. Ce positionnement pourrait redéfinir les équilibres régionaux établis depuis plusieurs années.

Une diplomatie ghanéenne souveraine et assumée

Le choix du Ghana d'accueillir Guillaume Soro illustre une vision diplomatique qui privilégie l'autonomie décisionnelle. Le journaliste Kader Diarrassouba, qui a suivi l'événement, note que "le Président John Dramani Mahama n'a pas bronché devant les protestations voilées ou explicites venues de Côte d'Ivoire. Il a simplement agi en chef d'État souverain, à la tête d'un pays qui n'a jamais marchandé ses principes au prix des injonctions."

Cette position s'inscrit dans la continuité historique d'un Ghana qui a souvent joué un rôle de médiateur et de refuge politique en Afrique de l'Ouest. Les autorités ghanéennes n'ont pas cherché à amplifier médiatiquement cette visite, la traitant comme une affaire diplomatique ordinaire, ce qui renforce paradoxalement sa portée symbolique. La discrétion officielle contraste avec l'importance politique du geste.

Un message régional aux implications multiples

La visite de Soro au Ghana dépasse le cadre bilatéral pour questionner les pratiques diplomatiques régionales. Les chancelleries ouest-africaines observent attentivement cette situation qui pourrait préfigurer une reconfiguration des relations entre États voisins. L'accueil d'un opposant politique de premier plan par un pays limitrophe reste un acte sensible dans le contexte africain.

Selon Kader Diarrassouba, "le Ghana, dans son silence plein d'éloquence, a rappelé qu'en Afrique aussi, la souveraineté peut rimer avec intégrité." Cette analyse souligne comment, sans déclaration fracassante, Accra réaffirme sa position d'acteur indépendant sur l'échiquier régional. "En recevant Guillaume Soro, Mahama n'a pas tendu la main à la discorde ; il a tendu un miroir à l'Afrique", poursuit le journaliste.

Cette situation intervient dans un contexte où plusieurs pays ouest-africains traversent des périodes de transition ou de tensions politiques. Le Ghana de Mahama semble ainsi proposer une approche différente des relations interétatiques, basée sur le dialogue inclusif plutôt que sur l'exclusion. "Le panafricanisme, c'est aussi reconnaître que la parole d'un exilé politique n'est pas un danger, mais une richesse à écouter", note encore Diarrassouba dans son analyse.

L'effet diplomatique de cette visite pourrait se mesurer dans les semaines à venir. Si les réactions officielles d'Abidjan restent mesurées pour l'instant, des sources diplomatiques évoquent des tensions en coulisses. La manière dont le Ghana et la Côte d'Ivoire géreront cette situation déterminera si nous assistons réellement à un remodelage de la diplomatie régionale ou à un simple épisode sans lendemain.

Pour Guillaume Soro lui-même, cette réception constitue une forme de reconnaissance politique après plusieurs années d'isolement diplomatique. "Sa stature diplomatique, forgée par les années de pouvoir, les négociations de crise et les forces de la réconciliation nationale, reste intacte", observe Kader Diarrassouba, soulignant ainsi que l'ancien Premier ministre ivoirien demeure un acteur avec lequel certains États continuent de dialoguer.

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