Grève des enseignants en Côte d'Ivoire : Amnesty International appelle à la libération immédiate du syndicaliste Ghislain Duggary Assy

Mercredi 9 Avril 2025

Amnesty International a appelé ce 9 avril 2025 à la libération immédiate de Ghislain Duggary Assy, condamné à deux ans de prison ferme en Côte d'Ivoire pour avoir participé à l'organisation d'une grève des enseignants.


Amnesty International a appelé ce 9 avril 2025 à la libération immédiate de Ghislain Duggary Assy © Crédit photo DR
Un syndicaliste enseignant ivoirien vient d'être condamné à deux ans de prison ferme pour avoir participé à l'organisation d'une grève dans le secteur éducatif. Le tribunal a reconnu Ghislain Duggary Assy, secrétaire à la communication du syndicat Mouvement des Enseignants pour la Dynamique de la Dignité, coupable de « coalition d'agents publics » et « entrave au fonctionnement du service public ».

Cette décision de justice, prononcée le 8 avril, suscite l'indignation d'Amnesty International qui y voit une violation des droits fondamentaux des travailleurs. L'organisation de défense des droits humains appelle les autorités ivoiriennes à libérer immédiatement le syndicaliste et à abandonner toutes les charges retenues contre lui.

Une arrestation controversée

Selon les informations rapportées par l'avocat de Ghislain Duggary Assy, le syndicaliste a été arrêté dans des conditions préoccupantes. Des hommes encagoulés l'ont interpellé à son domicile dans la nuit du 2 au 3 avril. Il a ensuite été interrogé à la préfecture de police sans la présence d'un avocat, avant d'être présenté au parquet.

Le procureur a ordonné son placement sous mandat de dépôt, aboutissant à sa condamnation cinq jours plus tard. Cette procédure expéditive interroge sur le respect des droits de la défense dans ce dossier, d'autant que l'action syndicale contestée s'inscrivait dans un cadre légal.

Un mouvement social réprimé

Le préavis de grève à l'origine de cette affaire avait été déposé le 21 mars auprès du ministère de l'Éducation nationale, conformément à la procédure légale. Il annonçait un arrêt de travail les 3 et 4 avril dans les écoles primaires et secondaires du pays. Les revendications portaient notamment sur la revalorisation de primes trimestrielles.

Le ministère de la Fonction publique a rapidement qualifié ce mouvement d'illégal dans un communiqué diffusé le 5 avril, menaçant de sanctions les enseignants grévistes. Cette position s'est concrétisée par l'arrestation d'une dizaine de membres du directoire des intersyndicales le 8 avril, relâchés quelques heures plus tard, et par la condamnation ferme de Ghislain Duggary Assy.

Marceau Sivieude, directeur régional par intérim d'Amnesty International pour l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale, a réagi fermement : « Les enseignants ne peuvent pas être traités comme des criminels pour avoir exercé leurs droits fondamentaux. Les autorités doivent respecter et garantir les droits humains de tous dans le pays, notamment le droit à la liberté d'association, le droit à la négociation collective et le droit à un procès équitable. »
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