Grève : Ferro Bally dénonce un traitement inégal, "prime pour les ex-rebelles, sanctions pour les enseignants"

Dimanche 6 Avril 2025

Le journaliste Ferro Bally compare le traitement des militaires ayant reçu des primes et celui des enseignants grévistes menacés de sanctions en Côte d'Ivoire.


Grève : Ferro Bally dénonce un traitement inégal, "prime pour les ex-rebelles, sanctions pour les enseignants" © Crédit photo DR
Ferro Bally a publié le 6 avril 2025 sur les réseaux sociaux une analyse comparant le traitement réservé aux militaires et aux enseignants en Côte d'Ivoire. Le journaliste ivoirien dénonce ce qu'il considère comme un « deux poids, deux mesures » dans la gestion des revendications sociales par les autorités.

Son texte intitulé « D'UNE PRIME À UNE AUTRE » détaille les sommes versées aux ex-rebelles lors de deux mutineries, qu'il met en parallèle avec la répression qui s'abat selon lui sur les enseignants réclamant une « prime d'incitation ».

Des milliards pour les mutins

Ferro Bally revient sur deux épisodes de mutinerie qui ont marqué le pays. « En mai 2017, 8.400 ex-rebelles, qui ont intégré l'armée régulière, ont engagé une mutinerie au risque, comme en décembre 1999, de renverser les institutions républicaines », rappelle-t-il dans son post.

Le journaliste affirme que ces mutins ont alors « exigé et obtenu dare dare, pour leur participation à l'accession d'Alassane Ouattara au pouvoir, le versement d'une prime de cinq millions de nos francs (5.000.000 f) pour chacun; soit 48 milliards de f cfa ».

Il poursuit en évoquant un second épisode en mai 2024, où « ils ont repris les armes. Le pouvoir a versé illico presto à chacun des 8.400 insurgés une autre prime de sept millions de f CFA (7.000.000 f); soit 58 milliards 800 millions de nos francs ».

Au total, selon les calculs de Ferro Bally, « le total des douze millions de francs à chacun, pour sa "prime de félicitation", a représenté le pactole de 106 milliards 800 millions de francs sortis des caisses de l'État. Sans menaces des autorités ni mises aux arrêts militaires ».

Répression contre les enseignants

En contraste, le journaliste évoque la situation des enseignants grévistes. « Autre réalité, autre méthode. En effet, le pouvoir est déterminé à en faire voir de toutes les couleurs aux enseignants du primaire et du secondaire aux mains nues », écrit-il.

Ferro Bally cite notamment le cas d'un enseignant syndicaliste arrêté : « Assi Ghislain Dugarry a été, sans mandat, arrêté manu militari et sa maison vandalisée, pour la grève des 3 et 4 avril 2025 alors que l'article 8 de la Constitution dispose que "le domicile est inviolable" ».

Il rapporte également que les autorités envisageraient de considérer comme « démissionnaires » les enseignants participant à la grève prévue les 8 et 9 avril 2025, ce qu'il qualifie d'« arbitraire » et contraire à l'article 17 de la Constitution qui dispose que « Le droit syndical et le droit de grève sont reconnus aux travailleurs du secteur privé et aux agents de l'administration publique ».

L'analyse de Ferro Bally va au-delà d'une simple question salariale pour soulever des enjeux constitutionnels. Il cite à deux reprises la Constitution ivoirienne pour appuyer son argumentation sur l'inviolabilité du domicile et le droit de grève.

Le journaliste conclut son post par une phrase lapidaire : « Et le pays, pour régner par la contrainte, s'enfonce dans l'arbitraire ». Une formule qui résume sa vision d'un pouvoir qui aurait deux poids, deux mesures dans sa gestion des revendications sociales.

Cette prise de position du journaliste intervient dans un contexte social tendu, à quelques jours d'une nouvelle mobilisation des enseignants prévue pour les 8 et 9 avril 2025. Les autorités n'ont pas encore réagi officiellement à ces accusations.
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