Franc CFA et base militaire française en Côte d'Ivoire : Blé Goudé prône une rupture avec l'héritage colonial

Jeudi 31 Octobre 2024

L'opposant ivoirien Charles Blé Goudé remet en cause la présence militaire française et le franc CFA lors d'un entretien sur France 24 ce 31 octobre.


Franc CFA et base militaire française en Côte d'Ivoire © Crédit photo DR
Charles Blé Goudé n'hésite pas à critiquer ouvertement le franc CFA. "Quand j'arrive à Paris, le billet de franc CFA devient un papier inutile", déclare-t-il, pointant les limites de cette monnaie héritée de l'époque coloniale.

"Nous constatons que le franc CFA fait l'objet de conflits et de pressions et de tensions inutiles", poursuit-il. L'opposant ivoirien estime qu'une réforme monétaire profonde est nécessaire : "Il faut s'asseoir, évaluer tous ces partenariats. Tout ce qui a été signé comme accord, il faut le réadapter à nos réalités actuelles."

Base militaire française

Concernant la présence militaire française à Port-Bouët, près d'Abidjan, Blé Goudé adopte une position ferme : "La base militaire française n'a plus sa raison d'être en Côte d'Ivoire." Il précise toutefois vouloir éviter toute confrontation : "On n'a pas besoin de bander les muscles pour ça."

"Partout en Afrique, les présences militaires étrangères sont décriées", observe-t-il, appelant à "éviter les pressions et les passions inutiles pour qu'on pose des actes qui ne puissent pas remettre en cause les relations entre partenaires."

Une nouvelle relation avec Paris

Le leader du COJEP souhaite redéfinir les relations avec l'ancienne puissance coloniale. "La génération actuelle a d'autres besoins. Il faut s'y adapter", affirme-t-il, tout en précisant : "La France et moi, nous allons juger ensemble de son inutilité."

"Aujourd'hui, les mentalités ont évolué, les besoins ont évolué", insiste Blé Goudé, qui se défend de tout anti-françisme primaire. Il plaide pour une relation plus équilibrée entre la Côte d'Ivoire et la France, basée sur le respect mutuel et les intérêts réciproques.

Des réformes nécessaires

Pour l'ancien ministre de la Jeunesse, ces changements s'inscrivent dans une dynamique plus large de réformes. "Il faut revoir, repenser tous ces partenariats", martèle-t-il, estimant que les accords hérités des indépendances ne correspondent plus aux réalités du XXIe siècle.

"En 1960, c'était utile", concède-t-il à propos du franc CFA, avant d'ajouter : "Qui ne s'y adapte pas, peut disparaître." Une mise en garde à peine voilée adressée aux défenseurs du statu quo dans les relations franco-africaines.
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