Agressions "Woubis" en Côte d'Ivoire : la communauté LGBTQIA+ alerte

Vendredi 6 Septembre 2024

Des agressions des "Woubis" en Côte d'Ivoire à Abidjan et Yamoussoukro depuis le mois d'août 2024 ont été signalées les activistes LGBTQIA+.


Agressions "Woubis" en Côte d'Ivoire © Crédit photo DR
Brice Donald Dibahi, 32 ans, fondateur de l'ONG Gromo, témoigne de cette situation sans précédent. Il souligne que l'homophobie existait déjà, mais jamais à cette échelle. Les agressions se concentrent dans les communes populaires d'Abidjan, notamment à Yopougon.

Louna, 44 ans, directrice de l'ONG Droit à la différence (DADI), partage ce constat. Elle a été contrainte de fermer le siège de son association et envisage de quitter Abidjan face aux menaces verbales entendues dans son quartier.

Impact sur la communauté

Les conséquences de cette vague d'agressions sont multiples. Cinq plaintes contre X ont été déposées en août pour "coups et blessures" ou "injures". Les membres de la communauté LGBTQIA+ expriment leur crainte de fréquenter les lieux publics.

Le phénomène a débuté sur les réseaux sociaux début août. Des rumeurs concernant un cas présumé de pédocriminalité impliquant une personne homosexuelle ont déclenché ce mouvement. Des appels à une marche pacifique contre les "woubis" (terme désignant la communauté LGBTQIA+) ont circulé pour le week-end à Abidjan.

Contexte juridique et social

La Côte d'Ivoire se distingue de nombreux pays africains en ne pénalisant pas l'homosexualité. Cependant, en 2021, la mention de l'"orientation sexuelle" comme motif de discrimination a été supprimée du Code pénal.

Cette situation contraste avec celle d'autres pays du continent. Une trentaine de pays africains criminalisent l'homosexualité. Certains, comme le Burkina Faso, le Ghana ou l'Ouganda, ont récemment renforcé leurs lois à ce sujet.

Malgré ces événements récents, la Côte d'Ivoire est généralement perçue comme l'un des pays les plus ouverts d'Afrique de l'Ouest en matière de mœurs. Cette vague d'agressions remet en question cette perception et soulève des inquiétudes au sein de la communauté LGBTQIA+ ivoirienne.
Kristian B. Aka
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